Résumé

Hautement exigeante cognitivement (Roussey et Piolat, 2008), la révision sollicite chez les scripteurs des connaissances et des stratégies déterminantes pour la qualité de leurs textes, notamment sur les trois dimensions de la grammaire de la phrase : orthographe grammaticale, syntaxe et ponctuation (Riegel et al, 2016). Devant les nombreuses erreurs potentielles, les scripteurs risquent, en l'absence de stratégies de révision efficaces, de se trouver en surcharge cognitive.

En plus d'améliorer la qualité des textes, l'utilisation de stratégies de révision agirait positivement sur le rapport affectif avec l'écriture et la révision. Or, une proportion importante des élèves n'utiliserait que peu de stratégies de révision (Lecavalier et al, 2016) et entretiendrait un rapport souvent négatif à la révision (Bergeron, 2008), du moins lors de l'écriture de textes manuscrits. Le traitement de texte pourrait, pour sa part, réduire la charge cognitive lors de la révision, p. ex. grâce au correcteur orthographique, et améliorer le rapport à l'écriture en agissant sur la « manipulabilité » et la lisibilité du texte (Brunel et Taous, 2018).

Dans le cadre d'une recherche descriptive (CRSH - FEEP, 2023-2025), nous avons élaboré et administré à un échantillon d'élèves de 1re à 5e secondaire (n=308) un questionnaire en ligne visant à décrire l'utilisation de stratégies de révision grammaticale et le rapport à la révision (p. ex. valeur accordée et sentiment de compétence) selon deux supports d'écriture (manuscrit vs traitement de texte). Des entretiens semi-dirigés ont également été réalisés (n=20) afin de comparer les stratégies de révision effectives sur ces deux supports. S'inscrivant dans l'axe 2, la communication présentera les résultats de la recherche en lien avec les trois questions suivantes :

1. Quelles sont les stratégies de révision utilisées par les élèves du secondaire pour traiter les différents problèmes de grammaire (fréquence d'utilisation) ? Lesquelles mènent à davantage de corrections justes (efficacité)?

2. Les élèves qui réussissent mieux à la tâche de révision ou qui utilisent plus de stratégies entretiennent-ils et elles un rapport à la révision plus positif, plus spécifiquement sur le plan de la motivation ?

3. Le support d'écriture (sur papier ou à l'écran) a-t-il une influence sur ces dimensions ?

À la lumière des résultats présentés, la discussion proposera des pistes pour l'enseignement et des avenues pour la recherche.

Références

Bergeron, R. (2008). Oral et construction du rapport à la révision de texte. Dans Bergeron Réal, Plessis-Bélair Ginette, & Lafontaine, L. L'articulation oral-écrit en classe : une diversité de pratique (Ser. Collection éducation intervention, 24). Presses de l'Université du Québec. (p. 123-148)

Brunel, M. et Taous, T. (2018). Réviser son texte sur écran. Repères, 57 | 2018, 57-82. https://doi.org/10.4000/reperes.1480

Lecavalier, J., Chartrand, S. G., & Lépine, F. (2016). La révision-correction de textes en classe: un temps fort de l'activité grammaticale. In S. Chartrand (Ed.), Mieux enseigner la grammaire. Pistes didactiques et activités pour la classe (pp. 303-325). Montréal: ERPI Éducation.

Riegel, M., Pellat, J.-C., & Rioul, R. (2016). Grammaire méthodique du français (6 ed.). Paris: Presses universitaires de France.

Roussey, J.-Y., & Piolat, A. (2008). Critical reading effort during text revision. European Journal of Cognitive Psychology, 20(4), 765-792. https://doi.org/10.1080/09541440701696135