Cette communication questionne les enjeux didactiques et épistémiques ainsi que les apports pragmatiques, discursifs, énonciatifs et linguistiques de l'activité de synthèse à l'université, se penchant plus particulièrement sur les relations entre pratiques expertes et étudiantes. Considérée comme une forme d'état de l'art, la synthèse de ressources bibliographiques suppose la maitrise de la compréhension des discours scientifiques qui en établissent le support et constituerait une pratique préparatoire à l'écriture postérieure d'écrits de recherche exigés au fil du parcours universitaire, qui se clôture par la rédaction du mémoire.
Dans cette optique, j'ai conçu un dispositif didactique pratique accompagnant l'écriture d'une synthèse individuelle demandée dans le cadre d'un cours préexistant inscrit au cursus des étudiants de première année de licence en Histoire dans mon institution. Cette recherche envisage ainsi une formation contextualisée, progressive et continuée, à la confluence des champs des littéracies universitaires et de la didactique du français universitaire, mais également précoce et intégrée (Pollet, 2021), entrecroisant les aspects pragmatiques et normatifs dans l'acculturation aux genres discursifs. De fait, la pratique de la synthèse favorise une entrée active dans les écrits scientifiques disciplinaires et un usage de l'écrit dans ses dimensions heuristique, épistémique et praxéologique, suivant la distinction établie et soutenue par Crahay et Dufays (2020). Le parcours discursif des étudiants est ainsi soutenu par une prolifération d'écrits intermédiaires, étudiés dans la lignée des recherches de Chabanne et Bucheton (2002), ainsi que par une place réservée à l'oral dans les échanges des étudiants avec les pairs et les experts.
L'ensemble des enseignements est dispensé par une équipe transdisciplinaire, composée de deux professeures responsables du cours, l'une linguiste et l'autre historienne, d'une dizaine de professeurs historiens spécialistes des thématiques proposées aux étudiants, et de quatre assistants, linguistes ou historiens, qui encadrent les apprentissages pratiques au fil de l'année académique. Le dispositif encourage ainsi des passerelles entre les expertises professionnelles des acteurs impliqués et le développement de compétences scripturo-lecturales chez les étudiants.
Empiriquement, le dispositif s'appuie sur ma participation active comme assistante, sur un corpus de synthèses et d'écrits intermédiaires étudié suivant les outils de l'analyse du discours –, sur des entretiens avec les acteurs impliqués et sur un questionnaire à visée exploratoire proposé aux étudiants.
Bibliographie
Bucheton, D. et Chabanne, J.-C. (2002). Parler et écrire pour penser, apprendre et se construire. L'écrit et l'oral réflexifs. Paris : PUF.
Crahay, M. et Dufays, J.-L. (2020). Les écrits réflexifs à l'entrée à l'université : trois usages emblématiques du métier d'étudiant. Nexus, 1 (1). 5-23.
Pollet, M.-C. (2021). Les recherches consacrées à l'écrit dans l'enseignement supérieur. Vers une approche intégrée. In C. Scheepers (dir.), Former à l'écrit, former par l'écrit dans le supérieur. Louvain-la-Neuve : De Boeck. 67-83.