Enseigner la littérature à l'ère du post-numérique: L'intelligence artificielle générative comme outil pour l'exercice de la lecture analytique au secondaire
Elsa Nguyen  1@  
1 : Haute Ecole Pédagogique du Canton de Vaud

Il est aujourd'hui admis que l'utilisation démocratisée des intelligences artificielles génératives [IAG] permet l'accès massif aux connaissances uniformisées (Gefen, 2023). À l'instar de Meirieu (2023), plusieurs chercheurs en didactique appellent au maintien et au développement de la pensée critique pour contrer le risque d'homogénéisation du savoir. La didactique de la littérature gagnerait à s'emparer du sujet afin de (re)penser les valeurs, et à défendre ses principes constitutifs (Acerra et al., 2024). Ce d'autant que les pratiques d'enseignement ordinaires autour de l'IAG restent à l'heure actuelle encore exploratoires.

Selon El Bahlouli (2024), l'interaction entre élève et IAG peut renforcer les capacités de pensée critique « en langue et littérature où l'interprétation et l'analyse textuelle sont essentielles. » En particulier, l'exercice de la lecture analytique (Ahr, 2013) favorise le processus de pensée critique, définie par l'aptitude à suspendre son jugement afin de « développer une réflexion critique indépendante » (Romero et al., 2017). En classe de littérature, la question est alors de savoir à quelles conditions l'enseignement de la lecture analytique en présence de l'IAG peut-il favoriser le développement des compétences liées à la pensée critique ?

Cette communication présente une partie du cadre théorique et la méthodologie de ma thèse. Celle-ci se propose d'explorer la manière dont l'usage de l'IAG en classe de littérature peut modifier les notions ainsi que les moyens mis à disposition des élèves pour analyser, interpréter et produire des textes, en développant leur pensée critique, notamment dans l'exercice de la lecture analytique. Dans cette perspective, je prévois d'observer les points suivants : dans quelle mesure les IAG constituent un outil ou « moyen de travail » (Vuillet et Védrines, sous presse) auxiliaire ; comment les IAG peuvent ou non servir à l'enseignement-apprentissage, en particulier dans les processus de rétroaction ; l'accompagnement des enseignant·es dans la construction de tâches qui permettent de créer les conditions d'une lecture analytique, en mobilisant un travail de distanciation et de subjectivation.

Je ferai un état de la recherche sur les enjeux ainsi que sur les liens entre les pratiques enseignantes, la formation et l'activité de l'apprenant, au regard de l'usage de l'IAG en contexte scolaire. Je présenterai ma démarche méthodologique de recherche-collaborative, afin d'esquisser les collectes de données envisagées. Je chercherai à montrer la cohérence entre cette question de société, l'enseignement de la littérature comme un espace potentiel de développement de la pensée critique et la démarche méthodologique construite.

Bibliographie

Acerra, E., Gervais, B., Petitjean, AM. (2024). Quelle place pour l'intelligence artificielle dans la classe de français ? Le français aujourd'hui, 2024/3 (226). 5-12.

El Bahlouli, Y. (2024) . L'impact pédagogique des agents conversationnels en éducation : revue de littérature scientifique. Le français aujourd'hui, N° 226(3), 27-38.

Gefen, A. (2023). Vivre avec ChatGPT : L'intelligence artificielle aura-t-elle réponse à tout ?. Éditions de l'Observatoire/Humensis.

Meirieu, P. (2023, décembre). Enseignement : Qui a peur des robots conversationnels ?. CEMÉAction.

Romero, M., Lille, B., & Patiño, A. (2017). Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle. PUQ.

Vuillet, Y., Védrines, B. (2024). Les fonctions contradictoires des outils didactiques (article à paraître).


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