Pratiques et discours de professeurs de français expérimentés à propos des pratiques d'écriture qu'ils jugent plutôt efficaces dans leur classe
Marie-Astrid Clair  1@  
1 : Sorbonne Université
Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (CELLF - Equipe XVI-XVIII)

Lorsqu'il est question d'écriture en classe, les professeurs de français semblent assez mal outillés. Selon Dominique Bucheton, le système scolaire français « sous-enseign[e] l'écriture de l'école primaire à l'université » (2014, p. 8) et « les maîtres les plus expérimentés ressentent la faiblesse de leurs pratiques » (p. 150). Mais qu'en est-il lorsque les enseignants pratiquent eux-mêmes une écriture professionnelle ou sont auteurs de littérature (ou les deux à la fois) ?

C'est cette question qui sous-tendra ma communication, où je propose de présenter les premiers résultats d'une recherche exploratoire menée dans le cadre de ma thèse sur les productions d'écrit dans les classes de professeurs de français du secondaire qui publient – et qui donc expérimentent l'écriture et parfois la co-écriture dans le but d'être lus, habitués à un processus éditorial auquel ils savent se soumettre. Lors d'entretiens déjà menés avec eux, ces enseignants se sont dits, sinon experts, du moins expérimentés en matière d'écriture, même s'il n'est pas sûr qu'ils s'estiment experts dans l'enseignement de l'écriture. Ils sont toutefois assimilables aux « maîtres les plus expérimentés » désignés par Dominique Bucheton. Il s'agira donc de se demander quels dispositifs ces professeurs expérimentés jugent plutôt efficaces pour augmenter les compétences scripturales de leurs élèves, et ce qu'ils disent de la mise en œuvre de l'enseignement prévu.

Suivant une démarche écologique, je rendrai compte d'un corpus recueilli auprès de dix professeurs « écrivants » : d'une part les enregistrements vidéo d'une ou deux heures en classe d'une séance d'écriture (ou de « préparation à l'écriture, de transformation du déjà écrit » : Kervyn , 2021), proche de leurs pratiques ordinaires et qu'ils jugent plutôt efficace ; d'autre part, les retranscriptions des entretiens d'autoconfrontation menés ensuite avec chacun-e, pendant lesquelles les professeurs décrivent leurs choix, expliquent leurs intentions et préoccupations durant la séance, commentent leurs prises de décision et leurs interactions orales et écrites avec les élèves.

L'analyse et la comparaison des retranscriptions des cours et des entretiens feront émerger des stratégies analogues mais aussi des pratiques singulières chez les professeurs observés. Je tâcherai de mettre au jour les dilemmes professionnels rencontrés, l'archi-élève scripteur (Ronveaux, Schneuwly, Frank, 2013) qu'ils construisent, mais aussi les actes empêchés lors de la séance. 

Ma communication vise donc à mieux connaitre et comprendre les pratiques ordinaires d'enseignement de l'écriture effectué par ces professeurs dont le rapport à l'écriture est particulier, afin de mieux comprendre la manière dont ces enseignants pensent et exercent leur enseignement et comment les élèves y répondent.

Bibliographie

Bucheton D. (dir.) (2014). Refonder l'enseignement de l'écriture. Vers des gestes professionnels plus ajustés du primaire au lycée. Retz.

Kervyn, B. (2021). « La préparation de l'écriture : vers un concept didactique à forte pertinence ». Pratiques189‑190. https://doi.org/10.4000/pratiques.10259.

Ronveaux, C., Schneuwly, B. & Franck, O. (2013). « Le principe dynamique de l'archi-élève lecteur dans l'enseignement de textes littéraires », 13e Rencontres internationales du réseau de Recherche en Éducation et en Formation (REF). Genève (Suisse). https://archive-ouverte.unige.ch/unige:119750

 


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