Dépôts par auteur ou autrice > Wuichet Carole

À l'entrée à l'école, au niveau du langage, l'hétérogénéité entre élèves est grande. Pourtant un développement solide du langage oral constitue la base de l'apprentissage de l'écrit et permet aux élèves, en s'appuyant sur les interactions avec leurs pairs et l'adulte, d'entrer dans la langue de l'école (Doyon et Fisher, 2012).

Les élèves doivent également développer des compétences métalinguistiques: des habiletés métacognitives dans le domaine langagier (en lien avec la correspondance graphophonétique, les usages langagiers en fonction des situations, la syntaxe) qui servent la structure et l'organisation de la langue (Nadeau et Fischer, 2006). Il s'agit d'amener les élèves à prendre conscience des mécanismes linguistiques en jeu et à leur faire verbaliser leurs réflexions sur le langage (Cèbe et Goigoux, 2005) afin d'en faciliter l'acquisition et de construire des stratégies de contrôle et de planification de leurs propres processus de traitement linguistique (Gombert, 1990 ; Nadeau & Fischer, 2006).

En classe, ce travail peut prendre la forme de parenthèses métalinguistiques durant lesquelles l'enseignant cherche à développer chez les élèves une décentration de l'acte de lecture-écriture. Ces moments favoriseraient la qualité des apprentissages du lire-écrire (Elalouf et al., 2017). En revanche, ne pas entrer dans des usages méta et dans une certaine objectivation du langage pourrait expliquer l'échec scolaire (par exemple Bautier et Goigoux, 2004; Bonnéry, 2007). 

Notre communication porte sur les rôles des élèves dans ces espaces métalinguistiques. En analysant des situations langagières dans lesquelles les élèves donnent à voir à l'enseignant leur compréhension et leurs actions, nous souhaitons relever les indices montrant qu'ils entrent dans une posture métalinguistique. Pour ce faire, nous analysons plus spécifiquement les éléments suivants :

- le comportement non verbal des élèves lors des moments collectifs : comment ils écoutent les autres, leur place dans la classe, leur attitude générale et leur participation ;

- les interactions langagières que les élèves entretiennent entre eux et avec l'enseignant-e : comment les élèves développent et clarifient leurs idées, donnent des preuves, s'appuient sur les idées des autres.

- les mots qu'ils utilisent, leur métalangage.

En lien avec ces éléments, nous nous intéressons aussi aux actions entreprises: pointer un outil de référence, entourer au tableau des lettres connues, colorier les blancs graphiques.

A cet effet, nous analysons des séquences vidéo filmées en classe et des transcriptions d'échanges issues d'une communauté de pratique en didactique du français (HEP|PH FR) durant laquelle nous nous intéressons au développement d'une posture métalinguistique chez les élèves. 

Bautier, É. et Goigoux R. (2004). Difficultés d'apprentissage, processus de secondarisation et pratiques enseignantes : une hypothèse relationnelle, Revue française de pédagogie, 148, 89-100.
Bonnéry, S. (2007). Comprendre l'échec scolaire. La Dispute.
Cèbe, S. et Goigoux, R. (2005). Outiller les maîtres de l'école maternelle pour améliorer le fonctionnement cognitif des jeunes élèves. Dans L. Talbot (Ed.), Pratiques d'enseignement et difficultés d'apprentissage (pp. 221-232). Érès.
Doyon, D. & Fisher, C. (2012). Savoir penser-parler pour apprendre : le développement du langage oral à la maternelle, Revue préscolaire, 50(2), 34-42.
Elalouf, M.-L., Gomila, C., Bourhis, V., Péret, C., Avezard-Roger, C., et Gourdet, P. (2017). Le rôle du maitre dans l'étude de la langue au CP : Description et analyse de pratiques différenciées. Repères. Recherches en didactique du français langue maternelle, 55.
Gombert, J. É. (1990). Le développement métalinguistique. Presses Universitaires de France.
Nadeau, M., et Fisher, C. (2006). La Grammaire Nouvelle : La comprendre et l'enseigner. Gaëtan Morin.