Dépôts par auteur ou autrice > Coret Muriel

Les programmes de l'école invitent les enseignants à “faire du lien” : entre le français et les autres disciplines mais aussi entre les domaines de la discipline “Français” dont par ailleurs la configuration didactique (Garcia-Debanc, 2021) n'est pas complètement stabilisée. On observe que cette “mise en lien” didactique ne va pas de soi - qu'on évoque l'interdisciplinarité (Lebouc, 2020), l'approche intégrée (Soucy, 2022) ou l'articulation (Biao, 2020) - alors même qu'elle fait l'objet de prescriptions claires mais aussi d'analyses précises dans le champ scientifique (Garcia-Debanc et Bulea Bronckart, 2021). Dans les pratiques des enseignants débutants notamment, le lien entre disciplines ou domaines prend le plus souvent la forme de la déclinaison d'un thème dans différentes disciplines ou d'une succession d'activités à partir d'un album prétexte sur lequel l'enseignant ne revient pas une fois lu (Coret et Tabourdeau, 2023). Dans ces modalités d'articulations, on remarque d'une part que les enseignants débutants peinent à intégrer l'étude de la langue et que d'autre part les disciplines ou domaines mis en lien (par juxtaposition notamment) ne bénéficient pas du même statut dans la programmation et la mise en oeuvre des enseignements, l'un étant plutôt “au service de” l'autre (dans une relation de subordination). 

Ces constats nous amènent à réinterroger les enjeux de l'articulation didactique, et à réfléchir aux bénéfices possibles de sa mise en œuvre, pour l'enseignant et les élèves. Cette communication se propose de poursuivre le travail mené sur la typologie des modalités d'articulation langue-littérature mises en oeuvre par des enseignant-es débutant-es (Coret et Tabourdeau, 2024) pour mettre à jour, dans l'activité d'enseignants expérimentés cette fois, d'autres modalités d'articulation - qui ne relèvent ni de la juxtaposition ni de la subordination de contenus mais créent les conditions d'un d'une interaction entre plusieurs domaines ou disciplines au même “niveau” dans le dispositif.

Par l'étude de séquences (filmées et transcrites) mises en œuvre par des enseignants expérimentés (MAT et PEMF) en cycle 1 et cycle 3 de l'INSPE de Poitiers, nous tentons de mettre au jour, en termes de domaines et disciplines mis en lien, d'organisation de la séquence, d'activités et savoirs mis en jeu, les modalités d'articulation spécifiques qui les sous-tendent. Notre objectif est ainsi de décrire l'articulation en tant que constituant du travail de programmation effectué par les enseignants et telle qu'elle se donne à voir dans la réalité de la pratique, au travers des interactions de classe dans lesquelles peuvent en être explicités les modalités et les objectifs. Mieux comprendre ce qui se joue dans l'articulation et chercher ce qui, dans l'activité de l'élève, pourrait en révéler les effets permettrait d'alimenter la réflexion sur son intégration en tant qu'objet d'étude dans la formation et l'accompagnement des enseignants.

Biao, F., 2020, Élaboration et expérimentations de séquences didactiques articulant l'enseignement de la langue à l'enseignement des textes littéraires aux secondaires québécois et suisse [thèse de doctorat inédite]. Université Laval/Suisse, Université de Genève. 

Bulea Bronckart E., Garcia-Debanc C. (dir.), 2021, L'étude du fonctionnement de la langue dans la discipline Français : quelles articulations ?, Université de Namur.

Lebouc C., 2020, “Comment la discipline français s'actualise-t-elle au contact de démarches interdisciplinaires au cycle deux ?”, in Dias-Chiaruttini A., Lebrun M. (dir.). La question de la relation entre les disciplines scolaires : le cas de l'enseignement du français, Namur, Presses universitaires de Namur, Collection « Recherches en didactique du français », volume n° 12.