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Repenser l'enseignement des phonèmes multigraphémiques au primaire à partir de nouvelles données empiriques sur les performances des élèves
Mélanie Dutemple  1@  , Guillaume Loignon  2@  , Fontaine Myriam  2@  , André C. Moreau  1@  , Brigitte Stanké  3@  
1 : Université du Québec en Outaouais
2 : Université du Québec à Montréal = University of Québec in Montréal
3 : Ecole d'orthophonie et d'audiologie (Université de Montréal)

Les études suggèrent que l'automatisation des règles orthographiques permet aux élèves de libérer des ressources cognitives, ce qui facilite la production écrite (Labrecque, 2011; Treiman et al., 2019). Toutefois, l'apprentissage de l'orthographe française présente des défis en raison de son opacité. En effet, la relation non transparente entre les sons (phonèmes) et les façons de les orthographier (graphèmes) est une source de difficulté (Seymour et al., 2003) dans certaines langues, dont le français. Cette multigraphémie, où un phonème peut correspondre à plusieurs graphèmes, constitue un défi pour les élèves (Daigle et al., 2013; Fayol et Jaffré, 2008; Pacton et al., 2005).

Une recherche doctorale récente (Dutemple, 2023) a examiné les facteurs linguistiques qui influencent l'acquisition des graphèmes suivants associés au phonème multigraphémique /ɛ̃/ chez des élèves québécois de troisième année du primaire : « in », « ain », « ein », « im » et « en ». Les résultats ont montré que les facteurs sous-lexicaux, tels que la consistance phonographémique, le positionnement des graphèmes, leur voisinage et leur dérivabilité, jouent un rôle plus crucial que ce qui était initialement anticipé dans l'acquisition des phonèmes multigraphémiques. En revanche, les facteurs lexicaux, habituellement considérés comme centraux dans l'acquisition de l'orthographe, n'ont pas l'impact attendu, à l'exception de la longueur des mots. Ces résultats s'appuient sur les données collectées auprès de 509 élèves québécois de troisième année du primaire provenant de 31 écoles, qui ont dû orthographier 73 mots comportant le phonème /ɛ̃/. Les analyses par régression logistique robustes qui ont été faites ont permis d'établir des critères transférables à l'enseignement d'autres phonèmes multigraphémiques, tels que /ɛ̃/, /ɛ/, /o/, /k/, /f/, /s/ et /ɑ̃/.

À partir de ces résultats, la présente conférence vise à montrer comment les performances de ces apprenant⋅es peuvent orienter les pratiques enseignantes au primaire. Tout d'abord, elle présente des critères plus nuancés que l'habituelle fréquence pour choisir les meilleurs mots pour enseigner les phonèmes multigraphémiques dans les échelles québécoise et française d'acquisition de l'orthographe ÉQOL (Stanké et al., 2019) et ÉOLE (Pothier et Pothier, 2004). De plus, elle propose une analyse critique et une révision des pratiques didactiques à travers l'intégration de critères sous-lexicaux rarement considérés dans l'enseignement traditionnel des phonèmes multigraphémiques, comme les régularités morphologiques et les régularités graphotactiques. Ainsi, cette conférence répond à l'axe 2 du colloque en montrant comment les observations et les performances des élèves peuvent orienter et enrichir les pratiques. Elle explore comment la connaissance des performances des élèves peut influencer les réflexions sur les curriculums, en particulier pour l'enseignement des compétences langagières en contexte scolaire francophone.

Professeur.es co-auteur.es :

Guillaume Loignon, UQAM, André Moreau, UQO, Myriam Fontaine, UQAM. Brigitte Stanké, Université de Montréal


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