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Entre révision et réécriture : quelle place pour le geste de correction des copies ?
Arnaud Moysan  1@  
1 : CLESTHIA - Langage, systèmes, discours - EA 7345
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 : EA7345, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

La correction des copies d'élèves jouit depuis quelques années d'un intérêt grandissant dans la recherche, comme en atteste la multiplication des travaux sur le sujet (Boré & Bosredon, 2018 ; Doquet & Pilorgé, 2021). Véritable geste de métier (Jorro, 2002), la correction se matérialise sur les copies par des marques verbales et non verbales. Elle est un geste invisible et non cadré. Invisible car produit de manière solitaire, non cadré car la formation des enseignants est trop peu outillée sur le sujet, et cela est dû notamment au fait que les auteurs des travaux sur la question restent prudents quant aux préconisations à conduire (Moysan et al., 2022). L'aspect solitaire de ce geste constitue cependant, dans le second degré, un des rares espaces de dialogue possible entre enseignant et élève, ce qui conduit Jean-François Halté (1984) à le considérer comme un véritable “dialogue pédagogique”. L'auteur s'intéresse aux commentaires qui invitent les élèves à modifier leur texte, au-delà de la dimension orthographique. Qu'en est-il 40 ans plus tard ? Les enseignants de français ont-ils recours aux commentaires pour aider leurs élèves à réviser leur texte ? 

Cette communication se donne ainsi pour objectif d'interroger les finalités de la correction, en matière d'enseignement et d'apprentissage de l'écriture de textes. Il est question d'appréhender l'efficacité de ce geste du point de vue des réactions que ses marques entrainent dans le cadre d'une révision-réécriture du texte. L'étude porte sur un corpus écologique d'environ 250 rédactions de français, recueillies auprès d'élèves de 6e et de 3e. L'analyse repose sur deux procédés : (1) le relevé manuel des annotations dans la première version du texte (V1) ainsi que sa catégorisation linguistique, (2) la comparaison des modifications apportés sur la deuxième version (V2) et la corrélation entre annotations et modifications. Les résultats obtenus révèlent que la correction est un geste mécanique tourné essentiellement vers la révision (orthographique) des textes, au détriment des autres dimensions textuelles (le développement des dimensions sémantiques, la cohésion-cohérence globale, les choix stylistiques, etc.). En somme, les élèves modifient la “surface” de leur texte grâce aux indications de leur professeur, qui bien souvent visent soit le pointage des erreurs, soit leur correction stricto sensu. Dans les deux cas, la révision du texte n'entraine pas de réflexion métalinguistique chez les élèves, comme cela sera montré. En prime, certains élèves s'affranchissent de cet usage de la correction : ils -écrivent de nouveaux textes, faisant fi des annotations de leur professeur. 

Bibliographie 

- Boré, C., Bosredon, C. (2018). Discours enseignant dans des écrits d'élèves d'école élémentaire : enquête sur le rôle des annotations. Le Français Aujourd'hui, N°203(4), 99-112. https://doi.org/10.3917/lfa.203.0099  

- Doquet, C., & Pilorgé, J. (2020). La correction de copies au collège entre langue et discours : une catégorisation syntactico-énonciative. Repères, 62, 191‑213. https://doi.org/10.4000/reperes.3274  

- Halté, J. (1984). L'annotation des copies, variété ou base du dialogue pédagogique. Pratiques, 44(1), 61‑69. https://doi.org/10.3406/prati.1984.2463  

- Jorro, A. (2002). Professionnaliser le métier d'enseignant. Paris : ESF. 

- Moysan, A., Vinel, É., Delarue-Breton, C., & Bautier, É. (2022). Ce que disent les interventions des enseignants sur les copies des élèves de la place de la textualité et du genre dans les productions écrites. Pratiques, 195‑196. https://doi.org/10.4000/pratiques.12092 


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