Dépôts par auteur ou autrice > Costerg Agnès

Le bilan des travaux scientifiques des dernières années met en lumière l'importance des apprentissages effectués au préscolaire envers le développement ultérieur de la lecture (Briquet-Duhazé, 2012; Prévost et Morin, 2015; Schmitt et coll., 2011). C'est dans cette optique que les acteurs ministériels et scolaires poursuivent leurs démarches afin de se concerter pour agir de manière précoce, faciliter l'entrée à la maternelle des enfants (MÉES, 2017) et réduire le nombre de ceux qui débutent l'école en présentant certaines vulnérabilités (MÉES, 2019). Malgré ces efforts, la plus récente Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle (Ducharme et coll., 2023) indique que la proportion d'enfants de maternelle 5 ans dits vulnérables sur le plan du développement cognitif et langagier est encore plus élevée en 2022 qu'en 2017. Or, le domaine du développement cognitif et langagier contribue fortement à prédire le rendement scolaire en 1re année (Lemelin et Boivin, 2007). Il est donc nécessaire de prioriser le développement de la littératie chez les élèves, y compris les plus vulnérables, en leur fournissant, dès la maternelle des activités riches et appropriées autour des connaissances préalables à la lecture. De nombreuses recherches soulèvent le caractère essentiel des apprentissages préscolaires liés à la conscience phonologique, soit la connaissance consciente que les mots du langage oral sont composés d'unités plus petites (rime, syllabe, phonème), et à la connaissance des lettres, soit l'habileté à désigner le nom et le son des lettres de l'alphabet, sur le développement ultérieur de la lecture (Briquet-Duhazé, 2012 ; Ecalle et Magnan, 2010). Enfin, un nombre croissant de recherches explorent les liens entre le développement des connaissances lexicales et celui de la conscience morphologique dans l'apprentissage de la lecture (Carlisle et Goodwin, 2014 ; Colé et coll., 2004 ; Foulin, 2007), ces deux types de connaissances étant au cœur de notre recherche longitudinale qui visait à créer et expérimenter des conditions axées sur les connaissances préalables aux premiers apprentissages en lecture, en particulier les connaissances lexicales et la conscience morphologique, en contexte de maternelle 5 ans et de vérifier les effets obtenus sur le développement des premiers apprentissages des élèves en lecture en 1re année. Trois conditions expérimentales s'étalant sur huit semaines ont été mises en place par les enseignantes participantes, arrimées à des albums jeunesse correspondant aux intérêts des élèves et comportant un contenu langagier suffisamment accessible et riche pour permettre la création d'activités les accompagnant. Les résultats indiquent que les élèves de notre étude n'avaient pas tous le même niveau de préparation à leur entrée à la maternelle. Par la suite, en 1re année, les élèves ont vraisemblablement vécu un phénomène d'apprentissage qui les a conduits à confronter leurs connaissances orales à de nouvelles connaissances en vue d'aborder l'écrit qui les aurait amenés à vivre un effet de surgénéralisation de leurs connaissances. Dans la mesure où nos résultats montrent que les élèves qui ont participé à notre étude ont progressé, dans l'ensemble, sur le plan du développement des connaissances préalables à la lecture, la sensibilité qu'ils ont ainsi développée envers les constituants sublexicaux des mots leur permettra de développer des habiletés de lecture, mais à plus long terme que ce que nous avons observé. Compte tenu de son caractère longitudinal, nos conclusions nous amènent à dégager un certain nombre de constats qui contribuent à mieux comprendre comment se déploient les premiers apprentissages en lecture et, parallèlement, à identifier des indicateurs de vulnérabilité sur ce plan.