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Expérimenter la subjectivité du lecteur-scripteur, à titre personnel et professionnel, dans un "laboratoire" de français.
Bénédicte Duvin Parmentier  1@  
1 : Institut national supérieur du professorat et de l'éducation Toulouse Occitanie-Pyrénées
CLLE-ERSS (UMR 5263)

 

Dans le cadre de ce colloque interrogeant l'accompagnement du travail enseignant, nous proposons d'analyser un projet de recherche participative initié dans le cadre d'un "laboratoire" de français, implanté en Ariège en 2023-2024, dans la circonscription de Lavelanet, sous l'impulsion d'une IEN et d'une IPR de Lettres et regroupant des enseignants des 1er et second degrés avec deux chercheuses de l'INSPE.

Nous envisageons, lors de la deuxième année de ce laboratoire, de mener avec les enseignants une réflexion sur l'expression de sa subjectivité par le lecteur-scripteur, en particulier son rapport à la langue (Duvin-Parmentier, 2024) et d'analyser les phénèmes qui relèvent de sa sensibilité lexicale (Tremblay, 2021).

Dans le protocole de collaboration, les enseignant.e.s participant.e.s sont mis en situation de vivre une activité de lecteur-scripteur, afin qu'ils éprouvent la mise en jeu de leur subjectivité face à un texte, puis il leur est demandé d'appliquer dans leur classe un dispositif similaire avec leurs élèves afin qu'ils l'éprouvent en tant qu'enseignant.e.s. C'est de cette double épreuve que nous escomptons, par le dialogue des expériences, faire advenir la réflexion didactique collective.

Notre communication portera sur les travaux menés dans le "laboratoire" de français en 2024-2025 et visera à documenter les représentations que les enseignant.e.s se font du rapport subjectif et sensible à la langue. Par sensibilité lexicale, nous comprenons, à l'instar de Tremblay (2021), une attitude face à la langue se déclinant en affects (plaisir de découvrir de nouveaux mots) et en valeurs (souci de varier son lexique en production écrite).

Le dispositif mis en œuvre complétera celui du journal de personnage éprouvé précédemment par ces mêmes enseignant.e.s. Il s'agira dans un premier temps de leur faire prendre conscience de leur propre sensibilité lexicale en les interrogeant, face à un corpus de textes littéraires, sur les mots qu'ils aiment et à dresser avec eux une typologie des raisons de leurs choix (sonorités, formes, sens, images suscitées, etc.). Dans un second temps, par la mise en activité d'écriture et de réécriture, nous les amènerons à documenter l'articulation entre leur sensibilité lexicale et leur création de textes (Colas-Blaise, 2016), en particulier en ce qui concerne le réemploi lexical. Éprouver ce dispositif permettra aux enseignant.e.s de saisir par l'expérience intime, la part subjective du rapport à la langue. Cela les aidera également à mettre en œuvre un dispositif similaire dans leur classe. A l'occasion d'ateliers collectifs, menés par groupes d'affinité ou de secteur scolaire, ils pourront anticiper selon les niveaux de classe (corpus de textes, consignes, support d'écriture) les effets de la sensibilité lexicale.

Notre analyse portera, pour chaque participant.e, sur la comparaison de deux entretiens semi-directifs. Avant le protocole, en décembre 2024, un premier entretien permettra de collecter les représentations initiales de l'enseignant.e concernant les enjeux de l'enseignement du lexique. En fin d'année scolaire, le second permettra de mesurer les évolutions de ces représentations et de leur enrichissement potentiel.

COLAS-BLAISE, M. et al. (2016). L'énonciation aujourd'hui : un concept clé des sciences du langage, Lambert-Lucas.

DUVIN-PARMENTIER, B. (2024). L'expression du sensible dans les processus d'écriture et de réécriture de textes littéraires en fin d'école primaire. Action didactique, 7, 2.

TREMBLAY, O. (2021). Sensibilité lexicale : l'émergence d'un concept en didactique du lexique, Pratiques 189-190.


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