Dépôts par auteur ou autrice > Graf Olivia

Lorsqu'iels rendent présent de l'imprimé pour enseigner la compréhension en lecture, les enseignant·es mettent en scène le texte. Iels utilisent la part visuelle du système d'écriture de l'imprimé pour confectionner leurs outils et rendre présents les objets à enseigner. Le signe écrit, son placement sur la page, la typographie, l'image, tous ces éléments qui relèvent de systèmes sémiotiques distincts (Lacelle et alii, 2017) font l'objet d'une attention particulière au moment de confectionner les tâches. Cette raison graphique est au cœur du geste didactique par lequel les enseignant·es ménagent le rapport des élèves au texte et font sens. Cette mise en scène passe par diverses transformations de l' « image du texte » original (Souchier, 1998), lesquelles transformations portent les traces d'élèves imaginés (les « archiélèves », Ronveaux, Deschoux et Riat, accepté) dont les enseignants scénarisent le parcours de lecture. Quels sont les déterminants de ces transformations ? Quelle est leur fonction dans le système didactique d'une discipline scolaire qui vise à développer des compétences en réception de textes ? Ces questions posent un problème méthodologique complexe à une didactique qui vise à comprendre la genèse instrumentale et à modéliser les instruments de l'enseignant.

Nous visons par cette communication d'une part à poser le problème méthodologique de l'archiélève dans le système conceptuel de l'énonciation éditoriale et dans sa mise à l'épreuve empirique, et d'autre part, à présenter des résultats d'une analyse qualitative des variations et constantes des transformations opérées par les enseignants sur un même texte encyclopédique numérique participatif. Nous conduisons cette analyse sur le corpus rassemblé par l'équipe GRAFElln (requête FNS 100019_205162 / 1). Le corpus comprend 31 séquences d'enseignement (N planifiées=36) d'une durée de 3 à 7 séances. Nous observons le processus d'éditorialisation d'un même texte opéré par les enseignants qui appartiennent à des niveaux contrastés et à l'articulation de deux cycles (enseignants de 4H et 5H, les élèves ont entre 8 et 9 ans ; enseignants de 8H et 9H, les élèves ont entre 12 et 13 ans). Nous faisons l'hypothèse que les images du texte vont être transformées en fonction de deux types de déterminants : l'un, technologique, lié à la manipulation de la page numérique sur l'écran, agira de manière secondaire sur les instruments ; l'autre, générique, lié à la forme-sens de l'article encyclopédique et à l'énonciation éditoriale de ses contenus, agira de manière fondamentale sur les instruments.

Lacelle, N., Boutin, J.-F., et Lebrun, M. (dir.). (2017). La littératie médiatique multimodale appliquée en contexte numérique, LMM@ : Outils conceptuels et didactiques. Presses de l'Université du Québec.

Ronveaux, Chr., Deschoux, C.-A. et Riat, Chr. (accepté). L'analyse à priori, l'archi-élève et l'obstacle de la métaphore. Dans Chr. Ronveaux et A. Monnier (éd.), L'élève et la littérature. Peter Lang.

Souchier, E. (1998). L'image du texte. Pour une théorie de l'énonciation éditoriale. Les cahiers de médiologie, 6.