Dans cette communication, nous proposons d'aborder l'enseignement et l'apprentissage de l'orthographe grammaticale par le prisme de la résolution de problèmes (Anjouard, 1994, Arabyan, 1990, Cogis, Brissaud, 2003, 2016, Cogis, Manesse, 2007, Chartrand, 2016, Sautot, Geoffre, 2017, Haas, Lorrot, 1999, Nadeau, Fischer, 2014, 2016). Nous présenterons les résultats intermédiaires d'une recherche doctorale dont la prise de données s'effectuera au début du premier semestre 2025. Cette recherche s'articule autour d'une hypothèse principale qui consiste à penser que l'observation des usages de la résolution de problèmes en contexte scolaire, à la croisée de la psychologie cognitive et des didactiques, permet de connaitre davantage les pratiques effectives des élèves et constitue une base pour un modèle possible en didactique de l'orthographe.
En nous appuyant sur les modèles théoriques du cycle de modélisation établi dans le domaine des mathématiques (De Corte, Verschaffel, 2008) et de la conversion de registres d'expression sémiotique (Duval, 1995), nous analyserons les conduites cognitivo-sémiotiques des élèves déployées dans le cadre de dispositifs collaboratifs menés dans cinq classes de Cours Moyen, représentatives d'un public hétérogène de la ville de Bordeaux et son agglomération. Notre corpus sera constitué d' entretiens d'explicitation des représentations conduits dans chaque classe auprès d'un groupe de quatre élèves, ciblés lors de la phase de pré test. Ces données seront complétées des transcriptions des captations audio et vidéo de vingt activités de négociation de production, ou, de correction, de solutions orthographiques. L'étude des conduites discursives produites en situation d'interactions langagières montre en effet la projection de schématisations, tant symboliques que verbales, et révèle la capacité des apprenants à adopter ou non une posture secondarisée, d'un point de vue postural (Bautier, Goigoux, 2004) et linguistique (Bernié, Jaubert, Rebière, 2003).
Nous questionnerons également le rapport à la discipline français entretenu par les élèves et la conception de ce qui fait problème dans cette discipline (Charlot, 1997, Barré-de-Miniac, 2002), ainsi que les conséquences du choix de la nature de la tâche de résolution orthographique (Leplat, 1997, Rogalski, 2008) sur la mobilisation des savoirs et savoir-faire des élèves.
Barré-de-Miniac, C. (2002). Le rapport à l'écriture. Une notion à plusieurs dimensions. Pratiques, 113-114, 29-40.
Bernié, J.P. Jaubert, M., Rebière, M. (2003). Conférence d'ouverture du colloque international « Construction des connaissances et langage dans les disciplines d'enseignement ». Actes sur CD Rom IUFM-Bordeaux2, Bordeaux.
Cogis, D., Brissaud, C., Fisher, C., Nadeau, M. (2016). L'enseignement de l'orthographe grammaticale au primaire et au début du secondaire. Dans S. Chartrand (dir.), Mieux enseigner la grammaire, Pistes didactiques et activités pour la classe. Québec : ERPI, 123-145.
De Corte, E., Verschaffel, L. (2008). Chapitre 6. La modélisation et la résolution des problèmes d'application : de l'analyse à l'utilisation efficace. Dans M. Crahay (éd.), Enseignement et apprentissage des mathématiques. Que disent les recherches psychopédagogiques (pp. 153-176). Louvain-la-Neuve : De Boeck Supérieur.
Duval, R. (1995). Sémiosis et pensée humaine : Registres sémiotiques et apprentissages intellectuels. Berne : P. Lang.
Rogalski, J., (2008). Chapitre 1. Théorie de l'activité et cadres développementaux pour l'analyse liée des pratiques des enseignants et des apprentissages des élèves. Dans F. Vandebrouck Fabrice (dir.), La classe de mathématiques : activités des élèves et pratiques des enseignants. Toulouse : Octarès.
Sautot, J.-P., Geoffre, T. (2017). De quoi la négociation graphique est-elle l'exercice ? Repères, 56, 73-90.