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Cher Journal... L'écriture réflexive, levier et témoin des apprentissages scolaires
Caroline Scheepers  1@  , Caroline Cantillo, Carole Geerinck@
1 : UCLouvain Saint-Louis Bruxelles

Dans les années 1960, émergent dans les pays anglo-saxons des journaux à des fins éducatives : il s'agit du learning log, du journal for the journey ou du learning diary (Lebrun, 1996 ; Crinon, 2002). Or si Philippe Lejeune et Catherine Bogaert décrètent en 2003 que le journal reste le parent pauvre de l'éducation française, la situation a bien changé depuis les travaux pionniers de Jacques Crinon (2000, 2002, 2008), lesquels ont généré ensuite des transpositions en Belgique (Scheepers, 2007 ; Vasseur, 2013), au Québec (Larivière, 2021), au Maroc (Mouher, 2024)... 

Le journal des apprentissages consiste à inviter les élèves (du primaire ou du collège) à écrire au terme de la journée dans un cahier personnel ce qu'ils ont appris, ce qui leur a posé problème, comment ils ont appris, comment ils envisagent de surmonter les difficultés identifiées... De vastes corpus de journaux ont déjà été étudiés sous des facettes multiples : le journal comme outil pour apprendre (Crinon, 2000), l'évolution du journal au fil du temps (Crinon, 2002), les annotations sur les apprentissages littéraires (Scheepers, 2007), la typologie des journaux (Scheepers, 2008), la réflexivité comme piste de solution aux difficultés scolaires (Crinon, 2008), le paratexte des journaux (Scheepers & Guillaume, 2009), l'étayage apporté par les enseignants (Scheepers, 2016), les conditions d'efficacité des journaux (Vasseur, 2013) ou l'articulation entre un écrit et un oral réflexifs (Scheepers, 2017)... 

Si, ces dernières années, les études se sont quelque peu raréfiées, dans les classes, la pratique a essaimé dans des contextes très contrastés sur un plan géographique, socioéconomique, socioculturel, pédagogique... Dans notre communication, nous étudierons un corpus recueilli dans des classes bruxelloises. Notre expérience montre que cette expérience d'écriture régulière au long court génère des effets bénéfiques sur deux plans principaux. D'une part, les élèves sont plus conscients de leurs apprentissages et de leurs modes d'apprentissage, qu'ils peuvent réguler assez efficacement. D'autre part, les compétences scripturales sont meilleures. Dans le cadre de notre communication, nous nous efforcerons de répondre à deux questions : comment les pratiques enseignantes se réfractent-elles dans les cahiers des enfants ? Et, en corolaire, quelles activités des élèves se donnent à voir dans les journaux ? Pour quelles interactions entre les pratiques enseignantes et celles des élèves ? L'étude est actuellement en cours et livrera tous ses résultats en juillet. Dans une perspective vygotskienne (1934/1997), le journal s'avère être en effet un levier et un témoin privilégiés des apprentissages scolaires. 

 


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