Proposition de communication pour le symposium Quelles formes de rétroactions en français pour quelles régulations des apprentissages ? soumis par Marie-Andrée Lord et Érick Falardeau
Pour l'Axe 1 Des pratiques enseignantes ou de formation à l'activité de l'apprenant
Apprendre à rédiger un argumentaire cohérent en contexte universitaire : quelles rétroactions écrites et orales sur quels contenus ?
La cohérence textuelle a fait l'objet de quelques travaux en didactique, qui ont permis d'en cerner les principes, et de mieux comprendre la manière dont les étudiants les mobilisent en contexte d'écriture (Gagnon, 1998 ; Messier et coll., 2016 ; Patout, 2021). Il n'existe pourtant que très peu d'études qui s'intéressent à la manière de réguler les apprentissages des rouages de l'écriture d'un texte cohérent, malgré le fait qu'il s'agisse d'un des plus grands défis langagiers des étudiants universitaires (Patout, 2021). C'est entre autres pourquoi, dans le cadre de notre projet doctoral, nous avons expérimenté une démarche d'enseignement et d'apprentissage de la cohérence textuelle auprès d'étudiants en difficulté inscrits dans un programme de formation des maitres d'une université québécoise. Nous nous sommes intéressée à deux structures syntaxiques en particulier, soit le complément du nom et le complément de phrase, et à la manière dont elles peuvent être mobilisées pour contextualiser et problématiser un argumentaire, et ainsi le rendre plus cohérent.
Notre démarche s'inscrit dans le courant de l'enseignement explicite, approche dans laquelle les rétroactions données par l'enseignant sont explicites et systématiques, et ce, tout au long des phases que sont le modelage, la pratique guidée, la pratique autonome et le réinvestissement. Nous avons effectué un prétest et un posttest écrit pour mesurer l'effet de la démarche sur les compétences scripturales des étudiants. Les résultats montrent que les rétroactions effectuées lors de la pratique guidée ont permis d'exercer suffisamment les contenus pour que les étudiants soient en mesure de comprendre la pertinence des structures syntaxiques pour améliorer la cohérence textuelle de leur rédaction. Même si la démarche présente quelques limites pour pleinement remédier à certaines lacunes éprouvées par les scripteurs, elle les a néanmoins amenés à être conscients du rôle de ces ressources phrastiques dans la capacité à rédiger un texte cohérent, ressources qu'ils ont été en partie aptes à réinvestir. En outre, par les rétroactions précises laissées par l'enseignant dans les différentes rédactions à l'aide d'une métalangue grammaticale claire, les étudiants ont été en mesure de clairement identifier leurs forces et leurs faiblesses.
Bibliographie
Gagnon, O. (1998). Manifestations de la cohérence et de l'incohérence dans des textes argumentatifs d'étudiants universitaires québécois. [thèse de doctorat inédite]. Université Laval.
Messier, G., Villeneuve-Lapointe, M., Guay, A. et Lafontaine, L. (2016). Développement des compétences en littératie universitaire : des résultats de recherche à la mise en place d'un cours de baccalauréat. Language and literacy, 18 (2), 79-112. DOI : https://doi.org/10.20360/G2X60X.
Patout, P-A. (2021). Texte et qualité textuelle : définition et évaluation : Études des outils de la cohésion et de la cohérence dans les productions écrites des jeunes adultes universitaires. [thèse de doctorat, Université libre de Bruxelles]. DI-fusion : https://difusion.ulb.ac.be/vufind/Record/ULB-DIPOT:oai:dipot.ulb.ac.be:2013/294576/Holdings