Dans le cadre d'une formation continue approfondie (CAS) en didactique du français langue seconde, formation que nous dispensons dans une institution de Suisse romande, nous proposons un dispositif centré sur la mobilisation en classe d'écrits ordinaires (Dabène, 1990) : panneaux, affichages, enseignes, etc. puisés dans l'environnement quotidien des enseignant·es et des élèves. Dans un premier temps, ce dispositif invite les participant·es (des enseignant.es travaillant dans des contextes différents, de FLS ou de FLM, tous cycles d'enseignement confondus) à collecter des écrits dans un espace déterminé, proche de l'institution de formation, à réaliser une didactisation par petits groupes de ces documents, puis à échanger entre pairs autour des situations didactiques envisagées. Dans un deuxième temps, nous encourageons les enseignant·es à tester les séquences didactiques dans leurs classes et à en observer les effets, notamment en termes d'apprentissages et de changements des rapports à l'écrit chez les élèves.
Après avoir présenté le dispositif de formation et son contexte, nous nous demanderons dans quelle mesure la mobilisation en classe de ce type de supports remplissant des fonctions diverses (informative, explicative, injonctive...) permet une amélioration des compétences littéraciques des élèves en langue de scolarisation. Du point de vue des pratiques enseignantes, il s'agira notamment de réfléchir aux enjeux liés à la diversité des usages de l'écrit dans la sphère sociale et culturelle de la Suisse romande (cf. notion de littératie) afin de permettre aux élèves les plus fragiles d'entrer dans la littératie scolaire tout en développant un rapport scriptural au langage (Lahire, 2008).
Le corpus sur lequel nous nous appuyons est constitué d'activités construites par les enseignant·es dans le cadre du dispositif mentionné et de retours recueillis à la fin du module de formation, lors d'un focus group et à partir d'un questionnaire écrit. À travers une analyse qualitative des données, nous porterons notre attention sur les déclarations des enseignant·es, afin de cerner notamment les effets du dispositif de formation sur leurs pratiques et la manière dont ils ou elles conçoivent les apprentissages des élèves comme conséquences de ces pratiques.
Les résultats de cette recherche pourront nous conforter dans l'hypothèse qu'une entrée dans la littératie par les écrits ordinaires, que l'élève rencontre dans son environnement quotidien, sur le chemin de l'école ou lors d'une promenade organisée, peut être bénéfique non seulement dans un contexte de FLS, mais également dans les classes régulières, ce qui permettrait de renforcer le dialogue entre les domaines de la didactique du français (FLM, FLS, FLE) mis en avant par plusieurs contributions d'un récent numéro de Repères (Penloup et al., 2022).
Bibliographie :
Dabène, M. (1990). Des écrits (extra)ordinaires. Éléments pour une analyse de l'activité scripturale. LIDIL 3, 9-26.
Lahire, B. (2008). La raison scolaire. École et pratiques d'écriture, entre savoir et pouvoir. Rennes, Presses Universitaires de Rennes.
Penloup, M.-C., Miguel-Addisu, V. & Kervyn, B. (coord.) (2022). Élèves plurilingues en classes ordinaires : outils et questions pour la didactique du français, Repères 65.
| Type : | : | Proposition de communication |
| Thématiques | : | Axe 4: L’appréhension des relations entre pratiques enseignantes et activité de l’apprenant⋅e en formation |
| Mots-Clés | : | littératie ; rapport à l'écrit ; didactique inclusive du français |
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